La Sainte Capitale

Histoire antique

08 Jerusalem Antique

Selon la Bible [version remise en cause], Yerushalem fut choisie par David vers -1000 pour être la capitale de son royaume et son fils Salomon y édifia le premier Temple. En -587, Nabuchodonosor détruisit le Temple et exila les habitants de la ville à Babylone. Le second Temple, établi à partir de -516 après leur retour d’exil, fut détruit en 70 par les romains qui les bannirent de la ville en 135. Une partie des soubassements du Temple, HaKotel -Mur Occidental ou Mur des Lamentations, devint le principal lieu saint du judaïsme. En 325, l’adoption du christianisme comme religion officielle de l’Empire romain transforma la ville. L’Anastasis -Saint-Sépulcre, terminée en 335, devint le principal lieu saint du christianisme. Une petite communauté juive revint s’installer à Jérusalem. Minoritaire, elle resta dépendante des pouvoirs qui s’y succédèrent. En 638, le calife Omar conquis Jérusalem. Le Dôme du Rocher (691) et Al Aqsa (715) furent établis sur le Mont du Temple -al-Haram es-Sharif -Esplanade des Mosquées – qui devint le 3e lieu saint de l’Islam. L’interdiction des pèlerinages chrétiens fut à l’origine des croisades, qui culminèrent en 1099 avec la prise de la ville par les croisés. Après maints épisodes sanglants, elle repassa sous contrôle exclusif musulman en 1244. Elle fut gouvernée par les Turcs jusqu’en 1917, puis sous Mandat Britannique jusqu’en 1948.

Le Plan de partition

09 Jerusalem 1947

Selon le Plan de Partage de 1947, Jérusalem devait constituer « un corpus separatum sous régime international spécial ». Mais la première guerre israélo-arabe aboutit à sa division suivant la Ligne Verte. La partie Est (Vieille Ville et quartiers situés à l’est de cette ligne) fut administrée par la Jordanie après expulsion des habitants Juifs et la partie Ouest (quartiers et villages alentours) fut annexée par Israël après expulsion des habitants Arabes. En 1967, la superficie de Jérusalem-Ouest était de 38 km2 contre 6 km2 pour Jérusalem-Est.

L’annexion

10 Jerusalem Est

Après l’occupation du Territoire Palestinien en 1967, la partie orientale de Jérusalem fut annexée et administrée comme partie intégrante de son territoire par Israël. Le Mur des Lamentations redevint accessible aux Juifs après 19 ans d’interdiction. Le quartier juif de la Vieille Ville fut étendu sur les quartiers arabes adjacents et des colons commencèrent à s’installer à Jérusalem-Est. Les frontières municipales furent redéfinies selon des considérations politiques et démographiques en vue d’inclure le maximum de terres et le minimum de Palestiniens. Cette annexion de facto fut officiellement entérinée lorsque le Parlement israélien adopta, le 30 juillet 1980, une loi fondamentale proclamant « Jérusalem réunifiée capitale éternelle d’Israël ». Première ville « israélienne », Jérusalem s’étend aujourd’hui sur 200 km2 pour une population de 750 000 habitants.

La colonisation

11 Jerusalem UN rapport

Les habitants palestiniens de Jérusalem-Est subissent expulsions, destructions et occupations de maisons, constructions d’habitat colonial, d’écoles religieuses et d’infrastructures de surveillance, omniprésence de militaires, de policiers et de civils armés. Ils sont également soumis à de multiples discriminations : retrait des permis de résidence, déplacements limités, refus des permis de construire, infrastructures collectives à l’usage exclusif des colons, marginalisation économique, injustice fiscale, interdiction d’association…

35% de la surface de Jérusalem-Est ont été expropriés dans l’Intérêt général. 50% sont gelés ou classés zones vertes. Une maison palestinienne sur trois est construite sans autorisation, difficile à obtenir : 93 000 résidents courent le risque d’être déplacés. Depuis 1967, 2 000 maisons ont été détruites par les autorités israéliennes, 14 000 habitants ont vu leur statut de résident à Jérusalem révoqué et leurs biens confisqués par la « Loi sur la propriété des absents ». D’autre part, l’utilisation de l’appareil judiciaire permet aux Israéliens de réclamer des biens qui auraient appartenu à des Juifs avant 1948 tandis que ces mêmes droits sont refusés aux réfugiés palestiniens qui possèdent des biens fonciers en Israël. Les associations israéliennes B’Tselem et Ir Amim dénoncent également l’utilisation de moyens douteux pour acheter des biens fonciers à des propriétaires palestiniens.

Le Bassin Sacré

12 Jerusalem Old City

La Vieille Ville et les cinq quartiers palestiniens adjacents du Bassin Sacré, où se trouvent la grande majorité des sites historico-religieux de Jérusalem, sont particulièrement ciblés par des politiques coloniales visant à détruire l’influence palestinienne en modifiant l’équilibre géographique de la ville. Plusieurs milliers de colons israéliens y sont implantés, protégés par autant de gardes privés, policiers et militaires. Tenant un discours à la fois nationaliste et religieux traditionaliste, ils sont soutenus par la droite israélienne et constituent un bras caché de l’État qui, par l’intermédiaire de différents ministères et de la municipalité de Jérusalem, les subventionne, les protège juridiquement et militairement. Certains mouvements politiques et religieux souhaitent la destruction de la Mosquée Al-Aqsa comme préambule à la reconstruction du Temple.

SILWAN

13 Silwan

La colonisation de Silwan, un quartier palestinien du Bassin Sacré situé en contrebas de la mosquée Al Aqsa et du Mur des Lamentations est emblématique. Depuis 1967, de nombreux biens ont été confisqués sous couvert de la « Loi sur la propriété des Absents », les constructions coloniales se sont multipliées et la gestion du patrimoine historique et archéologique a été confiée à des colons d’extrême droite. Les 90 maisons du cœur du quartier sont actuellement menacées de destruction pour laisser place à des logements réservés aux colons ainsi qu’au Jardin du Roi, une extension du parc historico-religieux la Cité de David. Cette colonisation est dénoncée par l’ONU : « le droit international ne permet pas à Israël de démolir les maisons palestiniennes pour construire un jardin, ou toute autre chose », qui ajoute que le plan « doit être considéré dans le contexte de la politique israélienne persistante et systématique d’expulsion des Palestiniens de Jérusalem-Est ». L’association israélienne Ir Amim (La Ville des Gens) exprime la crainte que « la présence juive dans le cœur des centres palestiniens de Jérusalem-Est ne crée des états de faits sur le terrain qui puissent nuire à la possibilité d’un futur accord de paix… ».

Rabbins pour les droits de l’homme accuse l’organisation de colons Elad « d’expulser les habitants palestiniens de leurs propriétés, de s’approprier les espaces publics, de clôturer ces espaces et d’y interdire l’entrée à la population locale … sous la protection d’une force armée privée ». Elad est également accusée de mener des fouilles archéologiques sur des biens palestiniens et de creuser des tunnels qui fragilisent dangereusement les fondations des bâtiments de l’Esplanade des mosquées et de la partie musulmane de la vieille ville. En 2009, ces tunnels ont mis à jour un cardo romain et une grande salle utilisée jadis comme synagogue.

SHEIKH JARRAH

14 Sheikh Jarrah

A Sheikh Jarrah, un autre quartier palestinien du Bassin Sacré, le plan d’urbanisation israélien comprend l’expulsion des habitants palestiniens, le développement du centre religieux associé au tombeau de Shimon HaTzadik -Simon le Juste (un grand prêtre du IVe siècle av. J.-C.), la construction de logements réservés, d’un centre communautaire et d’une annexe de l’Université Hébraïque Glassman Campus. Les dernières familles palestiniennes du quartier se voient déchues de leurs propriétés par la Justice et expulsées de leurs maisons pour être remplacées par des colons armés et protégés par la police israélienne.

270 000 Palestiniens (dont 55 000 sont séparés du centre urbain par le Mur) et 200 000 colons israéliens vivent à Jérusalem-Est (dont 3500 dans la Vieille Ville).

3,7 millions de Palestiniens du Territoire Palestinien Occupé ne peuvent se rendre à Jérusalem sans autorisation israélienne.