Le nationalisme palestinien s’est construit dans la résistance au projet sioniste

Le Mandat Britannique

31 Palestine 1920

En avril 1920, le Conseil supérieur des alliés mit le Moyen-Orient sous la tutelle des deux puissances coloniales de l’époque, la Grande-Bretagne et la France.  Les représentants du Mandat britannique favorisèrent l’immigration juive en Palestine et soutinrent la formation de brigades militaires sionistes. Le Mouvement national palestinien, aux mains de la grande bourgeoisie palestinienne, opposa une résistance assez inefficace. Les rivalités internes et la crainte des notables de perdre leurs prérogatives en cas d’affrontement direct avec la puissance mandataire affaiblirent considérablement le mouvement. Pourtant, la résistance populaire contre le pouvoir anglais et les colons sionistes se manifesta au cours de manifestations régulières revendiquant l’arrêt de l’immigration juive et l’abrogation de la Déclaration de Balfour. L’achat de terrains aux latifundiaires arabes, pour qui la terre constituait avant tout un objet de spéculation, par les organisations sionistes européennes et américaines (Fonds national juif, Agence juive …) entraînait l’expulsion des paysans palestiniens en métayage suivant le droit coutumier.

Les organisations sionistes bâtirent des colonies de peuplement (paysannes et militaires) et exploitèrent le sol, le plus souvent de façon collective (kibboutz). En 1929, une révolte embrasa toute la Palestine. A partir de 1933, l’antisémitisme européen qui culminait tragiquement provoqua une adhésion massive des juifs d’Europe centrale (auxquels les pays européens occidentaux fermaient les portes) au mouvement sioniste. La lutte des Palestiniens pour se libérer, arrêter l’immigration juive en expansion et l’expropriation des terres culmina avec la Grande révolte palestinienne de 1936-1939. La réaction des organisations sionistes fut violente et la répression britannique sanglante : 5000 morts côté arabe et 500 côté juif. La plupart des membres de l’élite politique palestinienne furent arrêtés et contraints à l’exil. Représentant 10% de la population de la Palestine en 1917, la population juive s’élevait à 28% en 1939.

Le conflit entre Juifs et Palestiniens s’atténua au cours de la Seconde Guerre mondiale, puis reprit en 1945. Les horreurs de l’holocauste en Europe provoquèrent la sympathie du monde entier pour la cause des Juifs européens. Même si la Grande-Bretagne refusait toujours d’accepter 100 000 rescapés juifs en Palestine, de nombreux survivants des camps nazis purent entrer illégalement sur le territoire. L’attentat sioniste contre l’Hôtel King David (91 morts le 22 juillet 1946) qui constitue l’attaque la plus sanglante contre les Britanniques durant leur mandat marque le début de la guerre civile. La société palestinienne ne put résister face à l’organisation du Yishouv et à la puissance des milices sionistes : 750 000 Palestiniens des territoires conquis par Israël furent expulsés (an-Nakbah) vers Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Jordanie et la Syrie (58 camps de réfugiés) durant la guerre civile entre 1947 et 1949.

Des structures politiques

Le Fatah (Mouvement national palestinien de libération), fondé clandestinement en 1959 par de jeunes intellectuels palestiniens déçus du panarabisme, démarra la lutte armée depuis des bases en Jordanie, Syrie et Liban en 1965. Après l’occupation du Territoire Palestinien en 1967, le Fatah intégra l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine, créée en 1964) et son programme politique devint la constitution d’un État démocratique sur le territoire de la Palestine d’avant 1948, où Juifs, Chrétiens et Musulmans pourraient vivre ensemble. Dans les années 70, des actions terroristes internationales -assassinats, prises d’otages, détournements d’avions- furent menées par le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) et le groupe Septembre noir, créé après la sanglante expulsion vers le Liban des structures palestiniennes de Jordanie. La résistance, le terrorisme et la répression se poursuivirent en Israël, dans le Territoire Palestinien et les pays Arabes voisins jusque dans les années 1990. La guerre du Liban (1975-1990) fit plus de 250 000 victimes.

La guerre des pierres

La première intifada (1987-1993) consolida l’unité palestinienne autour de l’OLP et du Fatah et remis le problème palestinien à l’ordre du jour des Nations Unies. En novembre 1988, le Fatah proclama l’Indépendance de la Palestine sur le territoire de 1967, acceptant la résolution 242 de l’ONU, abandonnant le terrorisme et mettant au second plan la résolution 194 sur le droit au retour des réfugiés (1948) ; L’OLP obtint le statut d’observateur permanent à l’ONU. Yasser Arafat fut le leader du Fatah et de l’OLP (de 1969 à 1994) puis Président de l’Autorité Palestinienne jusqu’en 2004.

Les Accords d’Oslo

21 Oslo 2

La reconnaissance politique des Palestiniens croissait tandis que la colonisation israélienne se poursuivait. Les Accords d’Oslo, négociés en 1994 à la faveur des dominants, tenaient compte des implantations coloniales d’alors (260 000 colons) pour définir les modalités transitoires (l’État Palestinien devant être crée en décembre 1998) du contrôle israélien sur le Territoire Palestinien :

  • zone A (18% de la Cisjordanie) sous autonomie civile et administrative de l’Autorité Palestinienne – les principaux centres urbains palestiniens en Cisjordanie.
  • zone B (22%) sous autonomie administrative de l’AP – des centaines de villages et les Camps de Réfugiés.
  • zone C (60%) sous contrôle militaire israélien – Jérusalem-Est, les infrastructures coloniales ainsi que des centaines de villages palestiniens.

22 Nogo Zone

[La Bande de Gaza décolonisée en 2005 est en zone A, exception faite des territoires jouxtant le mur qui la ceinture, qualifiées de « No-Go Zone » et de « High Risk Area » par l’ONU]

TELL AL-FARAH

25 UNICEF

26 MD Prisons

Jusqu’en 1994, des centaines de Palestiniens furent incarcérés dans le centre de détention secret israélien situé à Al-Farah, près de Naplouse. De nombreux anciens détenus témoignent des conditions de vie indignes et des actes de torture. Ils affirment avoir été battus de manière répétée, attachés dans des positions douloureuses, aspergés d’excréments, privés de nourriture et d’eau, empêchés de dormir. Ils évoquent l’isolement total, les menaces à l’encontre de leurs familles, la peur d’être tué.

Bien que la pratique de la torture ait été bannie par la Cour suprême israélienne en 1999, 2/3 des détenus palestiniens seraient soumis à des actes de violence déclarée, comme se faire battre, recevoir des coups de pied, être violemment secoué, forcé à se mettre dans des positions douloureuses ou porter des menottes trop serrées. 4600 Palestiniens dont 200 enfants sont prisonniers dans des prisons israéliennes en 2012. L’Unicef évalue à « environ 700 chaque année le nombre d’enfants palestiniens de 12 à 17 ans, en grande majorité des garçons, arrêtés, interrogés et détenus par l’armée, la police et les agents de sécurité israéliens ». Tout Palestinien peut être détenu par périodes de 6 mois, renouvelables, sans que son procès ait lieu. 95% des procès n’ont pas lieu. En 2012, L’État d’Israël a reconnu l’existence de prisons secrètes sur son territoire.

Depuis 1948, 750 000 Palestiniens ont été emprisonnés dans les prisons israéliennes.

La colonisation

23 Settlements

Après l’assassinat de Yitzhak Rabin par un Juif opposé aux Accords d’Oslo en 1995 puis l’arrivée au pouvoir de Benyamin Netanyahou (Likoud) en 1996, le « processus de paix » s’enlisa. Israël conserva ses prérogatives militaires sur tout le Territoire Palestinien, contrôlant la majorité des ressources hydriques de Cisjordanie et bénéficiant du Protocole de Paris (complément aux Accords d’Oslo) qui accorde une liberté économique limitée aux Palestiniens. Les violences reprirent avec la seconde intifada, déclenchée en septembre 2000, après la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées. Le « mur de séparation » de 750 km, dont la construction a démarré en 2002, annexe 15% de la Cisjordanie et intègre de nombreuses colonies à l’intérieur d’une frontière créée de facto. La liberté de circulation des Palestiniens est fortement limitée. Pratiquant la politique du fait accompli en dépit des résolutions de l’ONU, des négociations de paix et en violation des Conventions de Genève (notamment l’article 49 qui interdit à la puissance occupante d’établir des colonies civiles), l’État israélien accentue la colonisation des territoires qu’il considère comme « disputés et non occupés ».

Un État Palestinien

Depuis 2004, l’ONU reconnait l’intégrité territoriale palestinienne en utilisant l’expression « territoire palestinien occupé, incluant Jérusalem-Est » (résolution 58/292). Israël a décolonisé unilatéralement la Bande de Gaza en 2005 mais ses 1,6 millions d’habitants restent enfermés dans ce minuscule territoire de 360 km2 d’où le Hamas qui a pris le pouvoir en 2008, continue la lutte armée contre l’État d’Israël.

Un État Palestinien est devenu membre observateur à l’ONU en 2012, mais les questions clés d’un règlement juste, viable et complet du conflit israélo-palestinien ne sont pas résolues : le droit au retour (résolution 194) de plus de 5 millions de réfugiés Palestiniens et leurs descendants ; la question des colonies et du mur ; le statut de Jérusalem-Est (résolution 242) ; les Accords d’Oslo qui organisent la domination israélienne ; la situation des palestiniens de Gaza et d’Israël.

Comment l’État Palestinien peut-il demander justice devant les instances internationales, notamment devant la Cour Pénale Internationale pour la violation des Conventions de Genève?

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En 2012, 2,7 millions de Palestiniens et 500 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie – dont 300 000 dans 120 colonies occupant 10% des terres de Cisjordanie et 200 000 dans 30 colonies implantées dans 12 quartiers de Jérusalem-Est.

Depuis 1950, le conflit israélo-palestinien à fait plus de 60 000 morts.