Hébron est l’une des plus anciennes villes du monde, vénérée par les trois religions monothéistes. Son nom vient de l’appellation al-Khalil -le bien aimé de Dieu – donnée à Abraham. Ce dernier aurait été enseveli avec une partie de sa descendance dans la grotte située sous l’actuel Tombeau des Patriarches: מערתהמכפלה (Ma-arat Hamakhpelah / la grotte des [4] doubles [tombes]: Adam et Ève ; Abraham et Sarah ; Isaac et Rébecca ; Jacob et Léa) en hébreu et الحرمالإبراهيمي (Haram Ibrahim / le lieu sacré d’Ibrahim) ou الحرمالخليل (Haram al-Khalil / lieu sacré de l’ami (de Dieu)), ou المغارة (Al-Maghara / la tombe) en arabe.
Lors des révoltes palestiniennes de 1929, suite à de fausses rumeurs sur des massacres commis par des Juifs à Jérusalem, 67 des 600 Juifs d’Hébron furent massacrés par des Palestiniens. Protégés par les Arabes Hébronites, les survivants furent évacués par les autorités britanniques. En 1968, des Juifs religieux s’installèrent dans un hôtel et fondèrent une première colonie. En 1972, le gouvernement israélien initia la construction de Kiryat Arba, une colonie en périphérie de la ville, qui compte aujourd’hui 7000 habitants. Les cinq colonies de la Vieille Ville sont installées le long de Shuada street -la rue des Martyrs – dont une partie est totalement interdite aux Palestiniens, qui relie Kiryat Arba à Tell al-Rumeida, lieu supposé de la fondation de la ville. Elles abritent environ 600 colons religieux venus principalement des États Unis et de France, armés et protégés, selon les périodes, par 1 500 à 2 000 soldats. Extrémistes, ils se montrèrent particulièrement hostiles aux Accords d’Oslo. En février 1994, Baruch Goldstein, un colon de Kiryat Arba né aux États unis et portant l’uniforme israélien, ouvrit le feu sur la foule des fidèles dans la mosquée d’Abraham, tuant 29 personnes et en blessant 200 autres avant d’être tué.
L’accord sur le redéploiement de l’armée israélienne à Hébron – dit Protocole d’Hébron (1997) a divisé la ville en deux parties : H1 sous contrôle de l’Autorité palestinienne (80% du territoire) et H2 sous contrôle israélien (20% restant, 35 000 habitants palestiniens). La zone H2 comprend les colonies israéliennes, la vieille ville et la mosquée d’Abraham. Cependant, l’armée israélienne conserve le contrôle sur toute la ville et peut y conduire des opérations militaires.
Expulsions, fermetures de commerces, restrictions de déplacement, mesures punitives collectives, violences de la part des colons ont provoqué le départ de nombreuses familles palestiniennes et causé de graves problèmes sociaux. De 10 000 habitants en 1952, la population de la vieille ville est passée à 400 habitants en 1995. L’ancien centre actif et commerçant de la ville est sinistré, parsemé de ruines, de bâtiments fermés, de barbelés, grilles, tourniquets, tours de contrôle et blocs de béton. Des treillis de protections protègent les passants des ordures et pierres jetés par les colons installés dans les étages supérieurs. Malgré les projets visant à ramener la vie dans le secteur, financés par l’Autorité Palestinienne, des gouvernements européens, des institutions financières arabes et la Banque Mondiale, plus de 1 000 logements sont abandonnés et 1 800 magasins fermés. Environ 5000 personnes vivent dans la vieille ville en 2012.