Un Apartheid multifaces

Le plateau du Golan

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Le plateau du Golan est une région du sud-ouest de la Syrie occupée par Israël en 1967 et annexée le 14 décembre 1981 -annexion condamnée par le Conseil de sécurité des Nations unies et non reconnue par la communauté internationale. Cette région qui surplombe les positions de l’armée syrienne présente des atouts militaires stratégiques et permet à Israël de contrôler les sources alimentant la Vallée du Jourdain. 40 000 personnes (21 000 Israéliens installés depuis 1967 dans 33 colonies et 19 000 Druzes) vivent sur le plateau du Golan.

La Vallée du Jourdain

19 Jordan Valley

Depuis le début de l’occupation en 1967, la Vallée du Jourdain (30% de la Cisjordanie) a toujours été considérée comme la frontière orientale d’Israël par les dirigeants israéliens. Bordée à l’est par la Jordanie, elle s’étend sur une centaine kilomètres, dont 80 en Cisjordanie, depuis le lac de Tibériade au nord, jusqu’à la Mer Morte au sud. 90% de la Vallée du Jourdain (classés en zone C) ont été soustraits aux paysans palestiniens avec interdiction d’utiliser les puits, de rénover et de construire. De 300 000 habitants en 1967, sa population est passée à 50 000 en 2010. De nombreux checkpoints en limitent l’accès aux Palestiniens qui possèdent un document certifiant qu’ils y habitent (ou y travaillent dans une colonie) tandis que la route 90 permet aux Israéliens de circuler librement entre le plateau du Golan, la Mer morte, Tel Aviv et Jérusalem. En 2010, 6400 colons (36 colonies) exploitent illégalement les ressources de la Vallée du Jourdain tout en bénéficiant de protection armée, de terres et d’eau gratuite et de la main d’œuvre bon marché des paysans palestiniens (employés dès 14 ans à 1/3 du salaire minimum légal israélien) expulsés de leurs terres. Les produits agro-alimentaires israéliens (Agresco, Arava …) issus de terres palestiniennes colonisées bénéficient d’exonération de taxes vers l’Europe et sont ciblés par les campagnes BDS (Boycott, Désinvestissent, Sanctions).

La maîtrise de l’eau

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Dans cette région de stress-hydrique, la maîtrise de l’eau constitue un enjeu géopolitique important ainsi qu’un enjeu de premier plan dans la résolution du conflit entre Israéliens et Palestiniens. Suivant les Accords d’Oslo, Israël contrôle 90% des ressources hydriques de Cisjordanie. Les 500 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau (220 millions de m3) que 2,7 millions de Palestiniens (80 millions de m3). La question de l’eau a été décrite comme « révélatrice d’un nouvel apartheid ».  Au total 2/3 des ressources hydriques israéliennes proviennent de territoires occupés depuis 1967.

La Mer Morte

La Mer Morte est le point le plus bas du globe (230 mètres sous le niveau de la mer). Dans les années 50, les plus anciens écrits hébreux bibliques (900 manuscrits rédigés entre le IIIe  siècle av. J.-C. et le Ie siècle ap. J.-C) furent découverts à Qumrân, sur son rivage nord près de Jéricho en Cisjordanie. Située en Israël, sa partie sud est reliée à Jérusalem par une autoroute réservée traversant le Territoire Palestinien. Ses ressources minérales sont exploitées industriellement. Elle ne cesse de se rétrécir du fait des pompages excessifs dans la Vallée du Jourdain, son unique affluent. Un projet de « sauvetage de la Mer Morte », soutenu par la Banque Mondiale, consisterait à la réalimenter par le creusement d’un canal depuis la Mer Rouge.

AL-ARAQUIB

Les 50 habitants du village bédouin d’Al Araqib, situé en Israël au nord de Beersheba, vivent sous la menace permanente. Al Araqib a été détruit 35 fois par les autorités.

En 1946, environ 80 000 Bédouins appartenant à 96 tribus différentes vivaient dans le Néguev. Après la conquête sioniste, les 10 000 qui restèrent furent confinées dans une « réserve » correspondant à 10% de la superficie du Néguev et leurs terres furent confisquées. Depuis les années 1960, ils résistent à la contrainte de se regrouper dans des villes planifiées (Rahat, Lagiyya…) malgré les intimidations répétées (confiscation massive des terres et du bétail, démolition de maisons, destructions chimiques de récoltes …). Aujourd’hui, la moitié de la population bédouine de la région (60 000 personnes) vit dans des villages bidonvilles « illégaux » aux bords des axes routiers et 6000 de leurs maisons sont soumises à un ordre de démolition. Selon le Bureau de la statistique israélien, 50% des familles bédouines du Néguev vivent en dessous du seuil de pauvreté. La tribu n’a plus qu’une valeur symbolique. Les Bédouins sont marginalisés et traités en inférieurs. Depuis 1948, 134 hameaux agricoles ont été développés pour l’usage exclusif de la population juive du Néguev.

NI’LIN

28 Niilin

860 hectares (50% des terres) du village de Ni’lin, situé 15 km à l’est de Ramallah (Cisjordanie), ont été confisquées et 6000 de ses vieux oliviers ont été détruits pour construire le haut mur qui « protège » les colonies de Modin Illit et Hashmonaim. Constitués en Comité Populaire, les habitants de Ni’lin mènent une résistance non-violente par des actions socioculturelles et juridiques locales et internationales. La lutte est inégale et les gains sont modiques : cinq habitants (dont 3 enfants) ont été tués et des dizaines ont été blessés depuis le début des manifestations en 2002 et de nombreux militants sont emprisonnés. Le Comité Populaire a cependant obtenu devant la Haute cour israélienne de faire modifier quelques kilomètres du tracé du Mur. Dans le village, il n’y a aucune zone sûre, les soldats israéliens peuvent investir en permanence les domiciles. Les pierres lancées par les jeunes paraissent futiles face au béton armé, aux gilets pare-balles, aux lacrymogènes, aux véhicules blindés et aux balles de l’armée mais cette confrontation constitue l’unique occasion d’expression de leur frustration face aux injustices.

NABI SALEH

29 Nabi Saleh

Les habitants du village de Nabi Saleh, situé à une quinzaine de kilomètres au nord ouest de Ramallah (Cisjordanie), qui protestent toutes les semaines contre le mur d’apartheid construit sur leurs terres, sont eux aussi soumis à une forte répression des forces israéliennes.